
Pi-Chen Liu
Pi-Chen Liu - Academia Sinica
14 - 16 - 17 octobre 2023
Taïwan sous toutes ses coutures autochtones.

Céréales collantes, femmes-plantes sauvages et écologie sensorielle : réflexion sur les plantes rituelles et leurs tabous chez les Pancah/Amis de Taïwan.
Chez les Pangcah, les rituels et les tabous ne peuvent être séparés des plantes. Dans l’action rituelle, ils les divisent en trois catégories. Les premières sont les céréales ayant une déité et une âme et étant au centre des rituels animiques et chamaniques. Ces esprits collent aux gens (comme la substance des céréales) pour demander d’être nourris, ou sont agressifs et rendent malade. Les végétaux à feuilles dont la consommation est interdite avant les rituels forment la seconde catégorie. Ils sont assimilés à des femmes non-mariées et ont une connotation sexuelle. La troisième catégorie comprend les plantes « enveloppées » (haricots, pousses de bambou) mangées seulement pendant les rituels. Cette conférence explore la cosmologie des Pancah et analyse le rôle médiateur de l’expérience sensorielle dans la rencontre des personnes-plantes-esprits.

Chasse aux têtes, chasse aux cerfs : échange de vie et fertilité de l’homme chez les Kavalan de Taïwan.
Amorcée à la fin des années 80, la démocratie de Taïwan a offert aux peuples aborigènes de nouvelles opportunités d’affirmer leur place au sein de la société en revivifiant leur culture dont la chasse aux têtes constitue l’un des piliers. Interdite durant l’occupation japonaise de l’île (1895-1945), celles-ci n’est plus pratiquée aujourd’hui, mais les rituels qui lui sont liés n’en restent pas moins au centre des cosmogonies et des notions fondamentales liés à la construction de l’individu, à l’identité et aux liens sociaux. Bien que transformés, les rituels liés à cette pratique se perpétuent dans les villages où ils constituent un évènement majeur auquel les jeunes, émigrés vers les villes se doivent de participer. De plus, ces activités culturelles attirent dorénavant une manne touristique et des financements de l’Etat. Par l’analyse des différents mythes et rituels Kavalan, le recueil des récits, nous mettrons en lumières les liens qui associent la chasse aux têtes, l’origine mythologique des groupes voisins, la fertilité des hommes, la chasse au gibier (cerf) et les évènements naturels (la pluie) au sein d’un système de représentation symbolique que nous tenons de comprendre par une perspective politico-religieuse.

Cerf-amant, coq-mari et femmes chamanes. Disjonction des sexes chez les Kavalan (Taiwan).
Les Kavalan, Austronésiens de la côté Est de Taïwan, ont vécu, jusque dans les années 1950, au sein d’une société matrilinéaire et matrilocale à polyandrie diachronique. Nous tenterons de démontrer que dans leur système de représentation et de parenté ainsi que dans les pratiques sociales, le genre social constitue à la fois l’effet et l’instrument du pouvoir. En prenant compte la politique des sexes traduite dans la dimension du genre, nous essaierons de faire ressortir les caractères spécifiques de la définition du sujet-femme et du sujet-homme en tant que personnes sociales, chez les Kavalan, au cours des cents dernières années.
